Selon un rapport de Santé publique France publié ce mardi, seulement 41 % des personnes de plus de 65 ans étaient vaccinées contre la grippe en novembre dernier, bien en deçà de l’objectif de 75 % fixé par les autorités sanitaires. Cette tendance préoccupante s’inscrit dans un contexte où l’épidémie de grippe atteint un niveau inédit depuis cinq ans, entraînant un grand nombre d’hospitalisations en réanimation, principalement chez des patients non vaccinés. La vaccination des seniors est pourtant reconnue comme un moyen efficace de prévenir les complications graves, notamment chez les personnes atteintes de maladies chroniques. L’étude met également en lumière des inégalités sociales et territoriales importantes : les seniors vivant dans les grandes agglomérations se vaccinent davantage que ceux en milieu rural (69,1 % contre 62 %). De même, les personnes diplômées (71,5 % des bac+5) ou aux revenus aisés (71 %) sont plus enclines à recevoir le vaccin que celles ayant un niveau d’études plus faible (64,3 %) ou des revenus modestes (60,8 %).
À l’échelle internationale, la France fait figure de mauvais élève : son taux de vaccination des seniors est comparable à celui de l’Italie (65,3 %) ou des Pays-Bas (61,4 %), mais reste bien inférieur à celui du Royaume-Uni (81 %) ou des États-Unis (69,8 %). L’Académie de médecine insiste sur la nécessité de faire de cette vaccination « un objectif prioritaire de santé publique », soulignant qu’elle prolonge la vie active et autonome des seniors en réduisant les risques de formes graves et de complications.
Homéopathie et grippe : une croyance qui perdure
L’un des points les plus surprenants du rapport de Santé publique France est que 1,7 % des Français âgés de 65 à 85 ans estiment être « vaccinés » contre la grippe grâce à des traitements homéopathiques, dont l’efficacité n’a jamais été prouvée scientifiquement. Pourtant, malgré la fin du remboursement de l’homéopathie par l’Assurance maladie depuis janvier 2021, des produits comme Influenzinum ou Oscillococcinum continuent de séduire une frange de la population. Ces médicaments, parfois fabriqués à partir d’une souche du virus, sont promus par certaines pharmacies comme une alternative au vaccin, alimentant ainsi une confusion dangereuse.
Des spécialistes dénoncent cette désinformation. « C’est totalement trompeur et fait un amalgame énorme », fustige le docteur Pierre Brémond d’Ars, président du collectif NoFakeMed. « L’utilisation du terme vaccin est réservée aux produits thérapeutiques dont l’efficacité est démontrée. Ces granules ne sont rien d’autres que du sucre ! ». L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) va dans le même sens et rappelle que « l’utilisation de ces médicaments homéopathiques à la place du vaccin constitue une perte de chance, notamment chez les personnes à risque de complications ».
Si certains laboratoires comme Boiron affirment ne pas promouvoir ces médicaments comme une alternative à la vaccination, ils entretiennent néanmoins l’idée qu’ils peuvent aider à « renforcer les défenses immunitaires » en début de saison hivernale. Une affirmation qui ne repose sur aucune preuve scientifique solide. Face à cette situation, les autorités de santé rappellent l’importance de lutter contre la désinformation et de promouvoir activement la vaccination des seniors. L’objectif est clair : éviter des hospitalisations évitables et sauver des vies, alors que la grippe reste une menace sérieuse, en particulier pour les plus vulnérables.