Et si un simple test pouvait détecter un cancer avant même l’apparition des premiers symptômes ? Alors que la moitié des cancers sont encore diagnostiqués trop tard, de nouvelles solutions voient le jour pour inverser la tendance. Décryptage d’innovations qui pourraient sauver des milliers de vies.
Le constat est alarmant : aujourd’hui, la moitié des cancers sont diagnostiqués à un stade avancé, réduisant considérablement les chances de survie des patients. Face à cette réalité, le professeur Alexandre Carpentier, neurochirurgien à La Pitié Salpêtrière à Paris, a lancé en 2023 la plateforme Neok, un outil novateur visant à favoriser le dépistage précoce.
Un dépistage encore trop tardif
Selon le Pr Carpentier, seuls 50 % des personnes participent aux campagnes nationales de dépistage. Ce manque de sensibilisation et de prévention entraîne un diagnostic tardif, souvent aux stades 3 ou 4 du cancer, où les chances de survie sont nettement amoindries. « Quand on découvre un cancer chez quelqu’un, on a l’impression qu’il est né hier alors qu’en réalité, il est apparu plusieurs mois auparavant », explique-t-il dans les colonnes d’Egora.
La détection précoce représente un enjeu crucial en oncologie. Une étude scientifique révèle qu’il serait possible d’anticiper l’apparition des premiers symptômes cliniques de six à dix-huit mois grâce à l’analyse de biomarqueurs. Partant de ce constat, le Pr Carpentier a développé Neok, une plateforme permettant aux utilisateurs d’évaluer leurs risques grâce à un questionnaire et, si nécessaire, de bénéficier d’un dépistage sanguin.
Un test sanguin pour anticiper les cancers
L’espoir d’un dépistage simplifié ne se limite pas à Neok. Des chercheurs américains travaillent sur un test sanguin capable de détecter précocement le cancer du pancréas, l’un des plus redoutables avec un taux de survie à cinq ans de seulement 11 %. Cette avancée repose sur la détection d’enzymes sécrétées par les cellules cancéreuses, présentes dans le plasma sanguin.
Le Dr Michel Ducreux, chef du service d’oncologie digestive à Gustave Roussy, estime que ce type de test pourrait représenter une avancée décisive dans le diagnostic de cette maladie : « C’est un cancer qu’on ne guérit que dans les stades très précoces, sur des tumeurs petites et localisées. Un test sanguin facile à mettre en œuvre pourrait nous aider à identifier ces formes asymptomatiques », explique-t-il à France Info. Avec un taux de fiabilité estimé à 73 %, ces tests nécessitent encore des améliorations, mais ouvrent la voie à une révolution dans la lutte contre le cancer.
Vers un avenir où le dépistage précoce deviendra la norme ?
Si les initiatives comme Neok ou les tests sanguins expérimentaux marquent un tournant, elles mettent également en lumière l’importance d’une meilleure sensibilisation du public. L’accès à des outils de dépistage personnalisés et rapides pourrait transformer la prise en charge des cancers en réduisant leur diagnostic tardif.
Alors que le cancer du pancréas demeure la quatrième cause de décès par cancer en France, l’amélioration des techniques de dépistage reste un défi prioritaire pour la communauté scientifique. Si ces innovations parviennent à se généraliser, elles pourraient bien sauver des milliers de vies dans les années à venir.