Un traitement par immunothérapie change la donne pour certains patients atteints de cancer. Au Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC), à New York, un essai clinique mené sur plus d’une centaine de personnes a permis à des patients atteints de cancers du rectum, de l’estomac ou de l’œsophage d’éviter les traitements classiques, comme la chirurgie ou la chimiothérapie. Une véritable révolution, mais encore réservée à une minorité.
Une alternative à la chirurgie pour certains cancers
Jusqu’à présent, les patients atteints de tumeurs localisées à l’estomac, à l’œsophage ou au rectum subissent dans la majorité des cas des interventions lourdes : ablation d’organes, colostomie permanente, traitements invasifs et invalidants. Le New York Times rapporte qu’un essai clinique mené au MSKCC pourrait bouleverser ces pratiques.
Dans cet essai, 103 patients présentant des tumeurs avec mutation de réparation de l’ADN (MMRd) ont reçu un anticorps monoclonal, le dostarlimab. Parmi eux, 49 patients atteints d’un cancer du rectum ont vu leur tumeur disparaître sans récidive cinq ans après le traitement. Parmi les 54 autres patients (atteints de cancers de l’estomac, de l’œsophage, du foie, de l’endomètre, etc.), 35 ont connu une régression totale de leur tumeur. Cinq patients ont vu leur maladie réapparaître, mais quatre d’entre eux sont en rémission après traitement complémentaire.
Comment ça fonctionne ?
Ces résultats impressionnants s’expliquent par une particularité génétique : les tumeurs des patients présentaient des déficiences de réparation des mésappariements (MMRd). « Par conséquent, ces tumeurs sont parsemées de protéines inhabituelles qui signalent au système immunitaire de les détruire. Mais les tumeurs érigent un bouclier qui bloque les attaques du système immunitaire. L’immunothérapie perce ce bouclier et permet au système immunitaire d’éliminer les tumeurs », explique le New York Times.
Parmi les bénéficiaires de ce traitement figure Maureen Sideris, 71 ans, qui a découvert son cancer de l’œsophage après avoir éprouvé des difficultés à avaler. Grâce au dostarlimab, elle a évité une chirurgie majeure et des mois de chimiothérapie. Trois mois après sa première perfusion, sa tumeur avait totalement disparu. Pour le Dr Bert Vogelstein, oncologue à l’Université Johns Hopkins, ces résultats sont « révolutionnaires ». « Il y a vingt ou trente ans, l’idée de pouvoir repérer de grosses tumeurs sur de nombreux organes différents et les traiter sans chirurgie aurait semblé relever de la science-fiction », a-t-il déclaré au New York Times.
Un traitement coûteux et encore très ciblé
Le dostarlimab n’est pas encore accessible à tous. Son coût est estimé à 11 000 dollars par dose (soit environ 9 600 euros), avec un protocole de neuf doses sur six mois. En outre, cette thérapie est uniquement approuvée pour des tumeurs présentant une mutation MMRd, ce qui représente seulement 2 à 3 % des cas de cancers concernés. Les chercheurs espèrent élargir l’usage de cette thérapie à d’autres types de tumeurs. Plusieurs études, dont une publiée en février 2024, ont déjà montré que la consommation d’aliments ultra-transformés ou certains facteurs environnementaux augmentaient le risque de certains cancers. Mais avec des traitements comme le dostarlimab, une nouvelle ère de prise en charge personnalisée pourrait bien s’ouvrir.
Pour autant, Angela Zivkovic, nutritionniste à l’université de Californie à Davis, rappelle que « nous ne pouvons pas affirmer que la maladie est causée par ces aliments ou facteurs, mais que ces éléments peuvent être liés à une surconsommation calorique ou un mauvais équilibre nutritionnel », souligne-t-elle dans une interview à CNN (CNN Health, 22 avril 2025). L’enjeu désormais est de rendre l’immunothérapie plus abordable, accessible et compatible avec une prise en charge plus large. Pour beaucoup de spécialistes, c’est le début d’une révolution médicale qui pourrait, à terme, transformer le visage du traitement du cancer.