Âgée de 71 ans, une Américaine est décédée après avoir utilisé de l’eau du robinet pour se nettoyer les sinus. Elle a contracté une infection cérébrale foudroyante provoquée par une amibe rare et mortelle, Naegleria fowleri.
Un geste aussi banal qu’un lavage de nez a viré au cauchemar. Au Texas, une femme de 71 ans est morte après avoir été infectée par une amibe appelée Naegleria fowleri, surnommée « amibe mangeuse de cerveau », selon un rapport de cas des CDC (Centers for Disease Control and Prevention) publié début juin. Le micro-organisme est entré dans son corps par les voies nasales alors qu’elle utilisait de l’eau du robinet non stérile pour irriguer ses sinus.
Quatre jours après cette manipulation, les premiers symptômes neurologiques sont apparus. Malgré une hospitalisation rapide et un traitement adapté, la patiente est décédée huit jours plus tard, victime d’une méningo-encéphalite amibienne primitive, une forme rare mais extrêmement mortelle d’infection cérébrale.
Une infection aussi rare que redoutée
Naegleria fowleri est une amibe unicellulaire naturellement présente dans les eaux douces tièdes ou chaudes — rivières, lacs, sources thermales, mais aussi certaines canalisations domestiques mal entretenues ou non traitées. Cette amibe ne provoque aucun problème si elle est ingérée, mais devient potentiellement mortelle lorsqu’elle pénètre par le nez, atteignant le cerveau via les nerfs olfactifs. Les premiers symptômes — maux de tête intenses, fièvre, nausées, vomissements, raideur de la nuque — apparaissent généralement entre 1 et 12 jours après l’exposition. L’évolution est rapide et dramatique : hallucinations, convulsions, perte de conscience, coma…
La majorité des patients meurent en moins de deux semaines. Le taux de mortalité dépasse 97 %, même avec une prise en charge médicale rapide. Chaque année, entre 0 et 8 cas sont enregistrés aux États-Unis, selon les CDC. Depuis 1962, moins de cinq patients ont survécu à cette infection dans le pays. Dans ce cas précis, la contamination ne s’est pas produite dans un lac ou une rivière, mais lors d’un lavage nasal effectué avec de l’eau du robinet provenant du réservoir d’un camping-car, rempli plusieurs mois plus tôt. L’eau n’avait pas été stérilisée avant usage.
Les recommandations officielles : ne jamais utiliser l’eau du robinet sans traitement
Face à ce drame, les CDC rappellent que l’irrigation nasale, aussi appelée lavage ou douche nasale, peut être bénéfique pour soulager des rhinites allergiques ou sinusites, mais doit impérativement être réalisée avec de l’eau stérile ou bouillie. Les solutions sûres incluent :
- l’eau distillée ou stérile en bouteille,
- l’eau bouillie pendant au moins une minute puis refroidie,
- ou l’eau filtrée à l’aide d’un filtre certifié NSF 53 ou 58.
Les dispositifs d’irrigation nasale, tels que les pots Neti ou les sprays de lavage, sont en vente libre en pharmacie, mais leur mode d’emploi est souvent mal compris ou négligé, exposant à des risques évitables.
Ce drame rappelle que même un geste courant d’automédication peut devenir dangereux sans précaution sanitaire élémentaire. « Il est essentiel de ne jamais utiliser d’eau du robinet non traitée pour les soins du nez », insistent les CDC, qui appellent également les autorités locales à renforcer l’information des consommateurs sur la qualité de l’eau dans les systèmes domestiques.