Des chercheurs de l’université de Caen ont mis au point un agent de contraste inspiré des propriétés adhésives des moules, capable de révéler des microcaillots dans le cerveau. Cette innovation pourrait transformer la détection des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et améliorer le traitement des patients à risque.
S'inspirer des moules pour lutter contre les AVC
L’expression « accrochée comme une moule à son rocher » prend ici tout son sens. En effet, les moules se fixent solidement à leur habitat grâce à une structure appelée le byssus, un ensemble de fibres qui leur permet de s’agripper même en milieu marin agité. C’est cette capacité unique qui a inspiré l’équipe de l’institut Sang et Cerveau de Caen. Les chercheurs ont créé en laboratoire une substance adhésive imitant le byssus pour concevoir un agent de contraste adapté aux examens IRM. Ce produit adhésif présente deux propriétés cruciales : sa capacité à se lier aux micro caillots grâce aux particules d’oxyde de fer, offrant ainsi une meilleure visibilité à l’imagerie médicale, et son caractère biodégradable, indispensable pour qu’il puisse être naturellement éliminé par le corps humain.
Les micro caillots, souvent invisibles à l’IRM classique, peuvent pourtant être dangereux pour les patients. Contrairement aux gros caillots qui bloquent brutalement les artères du cerveau et provoquent de graves AVC, ces minuscules caillots persistent dans les vaisseaux et augmentent progressivement les risques d’AVC. L’agent de contraste mis au point par les chercheurs de Caen pourrait permettre de visualiser ces micro caillots lors des examens IRM, facilitant ainsi leur détection précoce et une intervention médicale ciblée. « Nous avons mis au point un nouveau produit de contraste qui permet de révéler la présence de microthrombi en imagerie par résonance magnétique », a expliqué le Dr Thomas Bonnard, chercheur à l’institut Sang et Cerveau. Ce produit est capable de révéler « l’invisible », explique l’équipe de recherche, ajoutant que cette innovation représente une avancée dans le diagnostic précoce des AVC.
Un produit encore en phase expérimentale
Pour le moment, cet agent de contraste n’a été testé que sur des souris. Les premiers résultats sont prometteurs et laissent considérer que cet outil pourrait transformer les pratiques de détection des AVC si les tests cliniques confirment son efficacité chez l’humain. En ce 29 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC, les chercheurs ont profité de l’événement pour rappeler l’urgence d’accélérer la recherche contre cette pathologie, qui touche 140 000 personnes chaque année en France. L’innovation de l’équipe de Caen ouvre de nouvelles perspectives pour détecter des microthrombi jusque-là indétectables. Avec cette avancée, les scientifiques espèrent améliorer les traitements ciblés et prévenir les AVC souvent silencieux mais dévastateurs, tout en renforçant le diagnostic des pathologies cérébrales.
AVC : comment le déceler ?
Déceler rapidement un accident vasculaire cérébral (AVC) est crucial pour limiter les dommages au cerveau. Voici les signes principaux, résumés sous l’acronyme « FAST » en anglais, qui aide à reconnaître un AVC et à réagir rapidement :
F – Visage (Face) : Le visage est-il asymétrique ? Demandez à la personne de sourire ; si un côté du visage ne répond pas ou est affaissé, cela peut être un signe d’AVC.
A – Bras (Arms) : Demandez à la personne de lever les deux bras. Si l’un des bras est plus faible, chute ou ne peut pas être levé, il s’agit d’un signal d’alerte.
S – Parole (Speech) : La personne a-t-elle des difficultés à parler ? Vérifiez si son discours est confus, trouble ou difficilement compréhensible.
T – Temps (Time) : Le facteur temps est essentiel. Si vous observez un ou plusieurs de ces signes, appelez immédiatement les secours (le 15 en France) car chaque minute compte.