L’intelligence artificielle (IA) pourrait bientôt sauver de nombreuses vies en détectant les signes avant-coureurs d’un arrêt cardiaque. Des chercheurs américains viennent de présenter une avancée majeure : un algorithme capable d’anticiper un accident cardiaque plusieurs minutes, voire plusieurs heures avant qu’il ne survienne.
Une technologie capable d’alerter avant le drame
Les arrêts cardiaques, souvent imprévisibles, tuent chaque année des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Grâce à un nouveau modèle d’IA développé par des chercheurs de l’université Johns-Hopkins à Baltimore, il serait désormais possible d’en réduire drastiquement le nombre. Le système baptisé Crysalis AI repose sur l’analyse continue des électrocardiogrammes (ECG) des patients. En détectant des microvariations du rythme cardiaque imperceptibles pour un médecin, l’algorithme est capable de prédire un risque d’arrêt cardiaque avec une précision allant jusqu’à 90 %, selon Le Point. D’après les chercheurs, cette IA est capable d’anticiper un accident cardiaque jusqu’à deux heures avant qu’il ne se produise, un laps de temps précieux pour alerter les secours, hospitaliser le patient ou ajuster son traitement en urgence.
Contrairement aux diagnostics traditionnels, l’IA repose sur le « machine learning » : elle a été entraînée à partir de dizaines de milliers d’électrocardiogrammes enregistrés chez des patients hospitalisés. L’algorithme identifie des schémas invisibles à l’œil nu, révélant une détérioration progressive du fonctionnement cardiaque. « L’IA ne se substitue pas au médecin mais agit comme un système d’alerte précoce », explique le Pr Natalia Trayanova, qui a dirigé les travaux, citée dans les colonnes de Pourquoi Docteur. En cas de détection d’un risque imminent, le personnel soignant reçoit immédiatement une alerte, permettant d’intervenir avant que l’accident ne survienne. Le système pourrait être installé dans les hôpitaux sur des moniteurs classiques ou même à distance via des objets connectés.
Un espoir immense, mais des défis à relever
Si les premiers résultats sont prometteurs, plusieurs défis restent à surmonter avant une généralisation de l’usage de Crysalis AI. Pour l’instant, l’algorithme a été testé principalement sur des patients déjà hospitalisés et à haut risque. Des études complémentaires devront être menées sur des populations plus larges, en vie réelle. Autre enjeu : limiter le nombre de « faux positifs ». Un excès d’alertes inutiles pourrait entraîner une désensibilisation des équipes médicales ou un stress inutile pour les patients.
Enfin, cette avancée relance aussi les débats éthiques autour de l’usage de l’IA en médecine : peut-on déléguer une part aussi critique du diagnostic à une machine ?Comment protéger les données médicales ultra-sensibles utilisées pour entraîner les algorithmes ? Malgré ces questions, les spécialistes saluent une avancée majeure. « C’est une révolution dans la prévention des arrêts cardiaques », affirme le Dr Paul Friedman, président du département de cardiologie à la Mayo Clinic, qui n’a pas participé à l’étude. En permettant de détecter l’invisible avant qu’il ne soit trop tard, l’IA confirme son potentiel immense pour transformer la médecine d’urgence et sauver des milliers de vies.