Une décision radicale de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), prise pour protéger les consommateurs contre des effets secondaires graves. Mais cette mesure suscite des réactions contrastées, entre incompréhension des pharmaciens et inquiétude des habitants des déserts médicaux.
Pourquoi cette interdiction ?
Les médicaments concernés contiennent de la pseudoéphédrine, une molécule utilisée pour décongestionner les voies nasales. Si elle est efficace pour soulager un nez bouché, elle agit sur les vaisseaux sanguins, ce qui peut entraîner des effets secondaires graves, tels que des infarctus, des AVC, ou encore des convulsions.
Entre 2012 et 2018, 307 cas graves liés à ces produits ont été recensés en France. « On ne risque pas un AVC pour un nez bouché qui guérit spontanément en quelques jours », a rappelé Alexandre de La Volpilière, directeur général adjoint de l’ANSM. La mesure de l’ANSM intervient après plusieurs années de mise en garde, mais elle va plus loin que les recommandations de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui s’était contentée de préconiser des avertissements sur les notices.
Des stocks qui s’accumulent chez les pharmaciens
Cette interdiction place les pharmacies dans une situation délicate. Denis Macé, pharmacien à Beaucouzé et président du Syndicat des pharmaciens du Maine-et-Loire, explique à Ouest France : « Nous nous attendions à cette décision et avons réduit nos commandes, mais les stocks pour l’hiver sont préparés bien en amont, entre mai et août. Les laboratoires, eux, ne veulent pas reprendre leurs produits, car ils ne sont pas interdits à la vente. »
Comment soigner un rhume autrement ?
Face à cette interdiction, plusieurs alternatives sont disponibles pour soulager les symptômes du rhume :
- Antihistaminiques : efficaces contre les nez qui coulent.
- Anti-inflammatoires : comme des corticostéroïdes ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens.
- Solutions naturelles : huiles essentielles, sprays d’eau de mer hypertonique, ou soins de nez avec du sérum physiologique.
Cependant, les médecins appellent à relativiser l’urgence de traiter un rhume :
« Nous devons apprendre à ne pas chercher systématiquement à soulager un symptôme bénin. Un rhume guérit spontanément », rappelle Jean-François Moreul, praticien à Bécon-les-Granits, toujours à Ouest France.
Que faire si les symptômes persistent ?
Si les symptômes d’un rhume s’aggravent ou persistent, les professionnels de santé recommandent toujours de consulter un médecin. Mais pour des cas bénins, le recours aux méthodes alternatives peut suffire : « Ne prenez pas de produits qui risquent d’être plus dangereux que la pathologie elle-même », insiste Jean-François Moreul.
Un tournant pour les habitudes des patients
Cette décision marque un tournant dans la gestion des traitements pour des pathologies bénignes. Si elle vise à protéger la santé des consommateurs, elle pose également la question de l’accès aux soins, en particulier dans des territoires mal desservis par les médecins. Entre la nécessité de garantir la sécurité des patients et les défis posés par la mise en œuvre de cette mesure, un équilibre reste à trouver.