La scène est connue de tous ceux qui peinent à trouver le sommeil : les heures tournent, les pensées s’accélèrent, et avec elles grandit l’angoisse de ne pas dormir. Sur son compte Instagram, le professeur Pierre Philip, psychiatre et spécialiste du sommeil au CHU de Bordeaux, alerte sur ce phénomène courant : la peur de l’insomnie devient elle-même un facteur d’insomnie. Loin d’être anodine, cette angoisse active les circuits du stress et maintient le cerveau en état d’alerte, empêchant l’endormissement naturel. Cette hypervigilance émotionnelle est, selon l’expert, l’un des premiers ennemis d’un sommeil réparateur.
Selon lui, vouloir s’endormir à tout prix alimente l’angoisse nocturne. « N’essayez pas de dormir, essayez de vous reposer », conseille-t-il. Le sommeil survient naturellement lorsque le corps et l’esprit sont relâchés. Plus on tente de contrôler l’endormissement, plus on risque de le perturber. Un principe qui peut sembler paradoxal, mais qui s’appuie sur une évidence biologique : l’endormissement est un processus passif, pas une performance.
Ne pas viser la perfection, ni l'heure fixe
Autre règle d’or pour dédramatiser l’insomnie : abandonner l’idée de dormir à heure fixe. « Il faut aller se coucher quand on a sommeil, » explique le professeur. Inutile donc de s’imposer une discipline rigide autour du coucher. Ce qui compte, c’est d’atteindre la bonne pression de sommeil, cette sorte de « faim » physiologique qui pousse naturellement au repos. Comment favoriser cette pression ? En respectant une période de veille minimale de 17 à 18 heures. Si la somnolence tarde à venir, il est même conseillé de retarder un peu l’heure du coucher, afin d’être certain que, lorsque le moment sera venu, le sommeil sera profond et continu.
Créer un environnement propice au repos
l’importance d’un rituel apaisant en soirée.
Concrètement :
- Éviter les stimulants tels que l’alcool, la nicotine ou le café.
- Réduire au maximum les stimulations : éteindre les écrans, mais aussi éviter la lecture intensive juste avant de dormir.
- Amorcer une descente progressive vers le sommeil, en instaurant un climat calme, tamisé et sans sollicitation cognitive.
L’objectif est de laisser le cerveau ralentir naturellement, sans alimenter l’éveil par des activités ou des pensées stimulantes.
Accepter l'imperfection pour mieux dormir
Enfin, ne pas s’inquiéter d’une mauvaise nuit est essentiel. Le professeur rappelle que la peur de l’insomnie est souvent plus délétère que l’insomnie elle-même. Accepter qu’une nuit puisse être imparfaite, sans dramatiser, permet de briser le cercle vicieux de l’angoisse nocturne. « Le repos compte autant que le sommeil », conclut-il, insistant sur l’idée que l’important est de se détendre, même sans s’endormir immédiatement.
À retenir : les conseils du Pr Pierre Philip pour mieux dormir
👉 Ne pas chercher à dormir, mais à se reposer.
👉 Allonger la période d’éveil à 17–18h pour favoriser la pression de sommeil.
👉 Éviter les stimulants (café, alcool, tabac) en soirée.
👉 Limiter les stimulations (écrans, lecture) avant le coucher.
👉 Accepter l’imperfection, et se libérer de la peur de mal dormir.