Face à l’explosion des cas de cancers cutanés en France, les autorités alertent sur les dangers du soleil et de l’exposition aux UV. Le nombre de diagnostics a doublé en dix ans.
Une augmentation fulgurante des cancers de la peau en France
Depuis les années 1990, les cas de cancers de la peau ne cessent d’augmenter en France. Selon les données les plus récentes de Santé publique France, plus de 140 000 nouveaux cas de cancers cutanés sont diagnostiqués chaque année, et ce chiffre pourrait dépasser les 200 000 dans les années à venir. En cause : une surexposition croissante aux rayons ultraviolets, un diagnostic plus fréquent, mais aussi le vieillissement de la population. L’incidence du mélanome, le plus grave des cancers cutanés, a été multipliée par trois chez les femmes et par cinq chez les hommes en trois décennies. Chaque année, environ 2 000 personnes meurent en France.
Le cancer de la peau se divise en deux grandes catégories. Les carcinomes, les plus courants, sont souvent traitables lorsqu’ils sont pris à temps. Les mélanomes, en revanche, sont plus rares mais particulièrement agressifs. Ils peuvent rapidement métastaser s’ils ne sont pas détectés à un stade précoce. L’évolution de ces chiffres traduit une urgence sanitaire croissante, à laquelle les pouvoirs publics peinent encore à répondre de manière efficace.
Une exposition aux UV trop banalisée
La principale cause de cette flambée est l’exposition répétée au soleil, notamment durant l’enfance. De nombreux Français continuent de s’exposer sans protection suffisante, que ce soit à la plage, en terrasse ou lors d’activités sportives en plein air. Les cabines de bronzage artificiel, encore utilisées malgré les campagnes d’information, représentent également un facteur de risque important. L’Organisation mondiale de la santé rappelle que plus de 80 % des mélanomes sont liés à des expositions solaires intermittentes mais intenses, souvent lors de vacances.
Le problème, c’est que ces comportements sont souvent intégrés dans les habitudes de vie et rarement remis en question. La culture du bronzage reste valorisée, malgré les avertissements réguliers des dermatologues et des agences sanitaires. Or, selon les professionnels de santé, une seule brûlure importante durant l’enfance ou l’adolescence suffit à doubler le risque de développer un mélanome plus tard.
Des moyens de dépistage encore trop inégaux
En parallèle de cette hausse des cas, le nombre de dermatologues en France est en baisse. Entre 2012 et 2025, on est passé d’environ 4 000 spécialistes à moins de 3 200, allongeant considérablement les délais d’obtention d’un rendez-vous. Cela complique la détection précoce des lésions suspectes, qui est pourtant cruciale pour augmenter les chances de guérison. Un mélanome détecté à un stade précoce présente un taux de survie à cinq ans supérieur à 90 %, contre seulement 15 % à un stade avancé.
Des campagnes nationales comme « Sauver sa peau » ou les Journées de prévention du cancer de la peau tentent de sensibiliser le public à l’importance du dépistage, mais elles peinent à toucher les populations les plus à risque. Les habitants des zones rurales, les personnes âgées ou encore les populations précaires sont souvent moins informés et moins suivis médicalement, alors qu’ils sont parmi les plus exposés.
Un enjeu de santé publique majeur
Le cancer de la peau, bien que largement évitable, est en passe de devenir l’un des plus coûteux pour la sécurité sociale, en raison du nombre croissant de traitements à long terme. Au-delà du coût économique, c’est un enjeu humain et sanitaire qui s’impose avec urgence. Une meilleure régulation des cabines UV, une éducation plus précoce sur les dangers du soleil et un accès facilité aux dermatologues figurent parmi les mesures les plus attendues.
Si rien n’est fait, les projections évoquent un triplement du nombre de cas d’ici 2040. La prévention reste la meilleure arme face à ce fléau silencieux : porter un chapeau, éviter l’exposition aux heures les plus chaudes, appliquer une crème solaire à indice élevé, et consulter rapidement en cas de tache suspecte ne doivent plus être considérés comme des recommandations optionnelles, mais comme des réflexes vitaux.