Chaque année, c’est la même rengaine : dès les premiers bourgeons, les symptômes d’allergie refont surface. Voici comment s’y préparer.
Le pollen s’invite partout, et surtout chez vous
Yeux qui pleurent, gorge qui pique, éternuements en rafale… Le printemps, pour les allergiques, ce n’est pas une carte postale bucolique, mais un véritable enfer invisible. À cette période de l’année, les pollens envahissent aussi bien les parcs que nos intérieurs. Et les chiffres grimpent : entre 10 et 15 % de la population française est allergique aux pollens, selon Santé publique France, et cette proportion augmente d’année en année.
D’après le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé Respiratoire France, il ne s’agit pas de s’enfermer chez soi, mais de s’équiper. « Il faut connaître le calendrier pollinique et adapter ses sorties. Porter un masque chirurgical filtre 80 % des pollens, et les lunettes empêchent les grains d’atteindre les yeux », explique-t-il à L’Internaute. Il recommande aussi de se laver les cheveux et le visage en rentrant chez soi, et d’effectuer un bon lavage de nez avec du sérum physiologique.
Aérer oui, mais pas n’importe quand
Contrairement aux idées reçues, l’air intérieur peut être jusqu’à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, pollen compris. Pourtant, aérer est essentiel — à condition de bien choisir son moment. « On aère tôt le matin ou tard le soir, car le midi, les pollens atteignent leur pic », souligne le Dr Édouard Sève, allergologue, dans Femme Actuelle. Et de rappeler qu’il vaut mieux éviter les plantes dans la chambre et ne jamais faire sécher son linge dehors : « Le pollen s’y accroche et revient dans les draps. »
Même les animaux de compagnie sont concernés. « Un chien qui revient d’une balade peut transporter du pollen sur son pelage, il faut le brosser dès son retour », insiste-t-il. Quant aux bouquets de fleurs fraîches, mieux vaut les éviter : certaines comme le lys sont très irritantes.
Les bons réflexes santé
Côté traitement, plusieurs solutions existent. Le Dr Le Guillou rappelle que la plupart des antihistaminiques, sprays ou anti-allergiques sont en vente libre, mais ne sont remboursés que sur ordonnance. « En cas de symptômes fréquents ou importants, il faut consulter. Pour les cas sévères, on peut recourir à la désensibilisation : un traitement de trois ans qui guérit l’allergie dans 9 cas sur 10 », précise-t-il dans les colonnes de l’internaute. Des allergies de plus en plus précoces et fréquentes
Pourquoi sommes-nous de plus en plus nombreux à éternuer dès mars ? Le Dr Sève avance plusieurs explications : pollution, perturbateurs endocriniens, réchauffement climatique. « Les plantes pollinisent plus tôt, plus souvent, et dans certaines villes, on plante des arbres du même type, comme les bouleaux. Cette homogénéité augmente la concentration de pollens », observe-t-il auprès de Femme Actuelle. De plus, on observe que les allergies touchent de plus en plus tôt : là où elles apparaissent souvent à l’adolescence, elles se manifestent désormais dès l’enfance. Et cette explosion d’allergies a un coût social et sanitaire non négligeable : absentéisme, baisse de concentration, fatigue chronique.
Se protéger, c’est s’adapter
Finalement, la clé, c’est d’anticiper. En période de pollinisation intense, faire du sport en extérieur ou ouvrir ses fenêtres en pleine journée est à éviter. Il faut revoir certaines habitudes, même si elles semblent anodines. Se laver les cheveux en rentrant chez soi, changer de vêtements, et consulter si nécessaire. Et pour ceux qui espèrent que ces allergies vont passer avec le temps : mauvaise nouvelle. « N’importe qui peut devenir allergique, à n’importe quel âge », rappelle le Dr Le Guillou. Alors, mieux vaut ne pas attendre pour adapter ses gestes… et respirer un peu mieux.